Plan d’Adaptation au Changement Climatique du Complexe transfrontalier WAP W-Arly-Pendjari (Bénin – Burkina Faso – Niger)

 

Year of Publication: 2022

Authors: FOKABS

Résume exécutif

Dans les zones arides, le changement climatique et la désertification devraient entraîner des réductions de la productivité des cultures et du bétail, modifier des espèces végétales et réduire la biodiversité. Il est également indiqué que les populations des zones arides vulnérables au stress hydrique, à l’intensité de la sécheresse et à la dégradation de l’habitat, seront profondément affectées par les effets du changement climatique. L’Afrique subsaharienne, en particulier les pays du Sahel, renferme la plus grande proportion des zones arides du monde. Dans cette région, le changement climatique a créé des pressions supplémentaires sur les terres, exacerbant les risques existants pour les moyens de subsistance, la biodiversité, la santé humaine et écosystémique, les infrastructures et les systèmes alimentaires. Les pays de cette région participent aux efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux de lutte contre le changement climatique. Toute cette mobilisation vise à améliorer l’adaptation des écosystèmes et des peuples aux effets néfastes du changement climatique. Le Complexe W-Arly-Pendjari (WAP) est l’un de ces systèmes socio-écologiques clés qui a besoin d’un soutien d’adaptation.

Le complexe WAP fait face de nos jours à de nombreuses menaces entrainant des mouvements pastoraux non contrôlés, la perte des récoltes, la dégradation de la zone forestière et la perte des services écosystémiques. En vue de faire face aux différentes menaces affectant le complexe WAP, les trois pays concernés (Niger, Benin et Burkina Faso) par la gestion du complexe WAP ont initié avec l’appui de l’OSS, la mise sur pied d’un plan d’adaptation au changement climatique du complexe à travers le projet ADAPT-WAP.

L’élaboration de ce plan d’adaptation au changement climatique est un processus devant permettre de préciser les niveaux de vulnérabilité des systèmes socio-écologiques et déterminer les besoins d’adaptation prioritaires et urgents au regard des ressources et des capacités d’intervention dont disposent les groupes sociaux concernés. L’approche méthodologique s’est basée sur les étapes indiquées dans les lignes directives du GIEC, de la CCNUCC, de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), à travers une approche consultative et participative associant les parties prenantes, en particulier les communautés, les représentants d’associations (agriculture, pêche, apiculture et élevage), les services techniques déconcentrés, les représentants du secteur privé, des Organisations non gouvernementales (ONG) et Organisations de la société civile (OSC). Les informations existantes et celles recueillies lors des consultations ont permis, entre autres, de :

  • Caractériser le climat passé et futur dans la zone du complexe ;
  • Evaluer les impacts du changement climatique actuel et futur sur les écosystèmes et les secteurs d’activités socio-économiques ;
  • Analyser la vulnérabilité et les risques des écosystèmes naturels et les secteurs d’activités socio-économiques aux variations actuelles du climat et aux phénomènes météorologiques extrêmes ;
  • Répertorier les mesures d’adaptation adoptées par les populations dans différents secteurs d’activités ;
  • Identifier les besoins d’adaptation ressentis par les populations mais non satisfaits faute de ressources ;
  • Déterminer les options prioritaires d’adaptation dont les populations souhaitent la mise en œuvre.

Le traitement et l’analyse multicritères des informations ont permis de ressortir les résultats suivants :

  • L’identification de la chaleur excessive, des inondations, des pluies tardives, les feux sauvages de végétation et la fin précoce des pluies comme étant les évènements climatiques les plus fréquents et aux effets graves dans la zone du complexe WAP pendant les cinq dernières années.
  • Les secteurs agricole, élevage, pêche pour les communautés et les zones de pratiques agricoles et de pastoralisme, les savanes herbeuses et les galeries forestières pour les écosystèmes naturels sont très vulnérables aux évènements climatiques.
  • Les événements climatiques présentant un risque extrême en raison de leurs fortes gravités et fréquences sur les écosystèmes naturels et les activités socio-économiques sont : les pluies tardives, les poches de sécheresse, les inondations, les vents violents, la chaleur excessive et la fin précoce des pluies. Les évènements climatiques ayant un risque plus ou moins faible sur les systèmes sont la mauvaise répartition des pluies et les feux précoces de végétation.
  • Les stratégies d’adaptation mises en œuvre par les populations sont globalement pertinentes. Les besoins d’adaptation exprimés et les options urgentes proposées sont en étroite relation avec les exigences du milieu physique, biologique et socio-économique. Ces différentes options d’adaptation ont été restructurées en options transversales, sectorielles et classées selon les besoins socioéconomiques et écologiques du complexe :

Options d’adaptation transversales :

 

  1. Sensibilisation et renforcement des capacités des populations locales et autres acteurs locaux sur les effets du changement climatique et mesures à prendre pour améliorer la résilience.
  2. Développement des systèmes d’accès au crédit.

Options d’adaptation sectorielles :

  • Agriculture et sécurité alimentaire
  1. Promotion de nouvelles variétés de cultures adaptées aux sècheresses, températures élevées et au stress de chaleur.
  2. Assurance d’une disponibilité en eau pendant les longues périodes de sécheresse pour la diversification des cultures à travers la promotion de la petite irrigation.
  3. Amélioration des techniques de conservation et de restauration des sols.
  4. Appui au renforcement des capacités aux bonnes pratiques d’exploitation et de valorisation durable des produits forestiers non ligneux (PFNL)

 

  • Elevage
  1. Appui à la création des banques à aliments pour le bétail et stockage des résidus de récolte.
  2. Appui à la lutte contre les feux sauvages de végétation pour éviter la destruction des réserves fourragères de la saison sèche.
  3. Appui à l’aménagement des plans et points d’eau pastoraux.
  • Foresterie et faune
  1. Appui à la restauration des paysages dégradés par la plantation d’espèces forestières résilientes aux effets du changement climatique.
  2. Sensibilisation et renforcement des capacités des communautés du complexe WAP pour la prévention et la lutte contre les feux sauvages de végétation.
  • Pêche et aquaculture
  1. Création et promotion d’étangs piscicoles ou bacs à béton.
  2. Appui à la restauration des berges des cours d’eau dégradées et vulnérables.

 

  • Apiculture
  1. Appui à la promotion de l’apiculture durable.
  2. Appui à la lutte contre les maladies des abeilles.

 

Ces options seront mises en œuvre à travers des activités dont certaines sont nécessaires à court, moyen et long terme. Le plan d’adaptation est le document d’appui à la gestion durable du complexe à travers le Schéma Directeur d’Aménagement (SDA). À cet égard, l’opérationnalisation du plan relève de la responsabilité de l’arrangement institutionnel de la gestion du complexe aux niveaux régional et national.

Les ressources financières pour mettre en œuvre le plan d’adaptation seront mobilisées à partir de diverses sources de financement, notamment le budget des États, les partenaires bilatéraux et multilatéraux régionaux et internationaux, les opportunités émergentes de financement climatique (Fond Vert Climat).

Pour assurer une mise en œuvre efficace et efficiente, les principales parties prenantes devront être formées et sensibilisées. Un plan de communication a été élaboré pour faciliter la sensibilisation des acteurs impliqués dans la gestion du complexe sur la problématique du changement climatique et les questions d’adaptation au changement climatique.

En tant que composante du SDA, le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du PACC feront partie du système de suivi et d’évaluation du SDA. Toutefois, la révision de ce plan dépendra essentiellement de l’ampleur des nouvelles variabilités climatiques qui seront observées dans le complexe WAP et pourrait inclure d’autres secteurs importants comme les énergies renouvelables, l’habitat écologique.